Alors que le glissement libéral est sensible au gouvernement, alors que le ministre de lʼéconomie, Emmanuel Macron lui-même, est pour une remise en cause de lʼencadrement du temps de travail, un sondage viavoice sur les 35h commandé par le journal Libération vient à contre-pied des idées reçues. On pensait que les 35h étaient impopulaires, pourtant, 52 % des personnes interrogées disent vouloir y rester. Plus surprenant encore, parmi ceux qui répondent positivement, ce sont les ouvriers et employés qui y seraient le plus sensibles ! Ce qui ressort de ce sondage, cʼest donc avant tout lʼextrême méfiance des plus précaires vis-à-vis des décisions gouvernementales en matière économique.
53 % des ouvriers et employés estiment par exemple que le droit du travail est insuffisamment protecteur contre 37 % chez les cadres. Plutôt quʼune « simplification », cʼest donc bien de garantie dont ont besoin les salariés. Idem pour lʼhypothèse de sacrifices (salaires ou temps de travail) en cas de crise : 38 % des salariés/ouvriers y seraient favorables contre 71 % pour les cadres et ceci alors que le sondage prenait soin dʼexclure les bas salaires de la question.
Et si les 35h divisent nettement les électeurs de gauche et de droite, les français de tous bords sont par contre favorables à la baisse des allocations. Les français se sont fait une spécialité de tirer leurs conditions sociales vers le bas et de sʼen prendre aux plus fragiles. « Plutôt réticent face aux dernières réformes libérales du gouvernement, le monde salarié se retrouve uni, tout comme l’ensemble du spectre politique, pour s’attaquer aux règles régissant l’assurance chômage. Et de fait, dans un bel unanimisme, « charger » les chômeurs » écrit Luc Peillon pour Libération. Faut-il rappeler que les mots ont un sens. Et même si la société les considère comme « assistés », les « chômeurs » bénéficient au contraire de droits acquis, suite à un travail rémunéré et pour lequel ils ont cotisé. Les dix années de droite au gouvernement ont bel et bien laissé des traces…
« A 81 %, les personnes interrogées sont ainsi d’accord pour demander aux chômeurs de longue durée « d’effectuer quelques heures de missions d’intérêt général chaque semaine ». Et là, tout le monde est d’accord : les proches du Front de gauche (69 %) et les écolos (83 %), ceux du PS (78 %) comme ceux de la droite (90 %), les ouvriers (77,5 %) comme les cadres (84 %) » affirme Luc Peillon. La question que pose Le Peuple breton est celle-ci : quʼest-ce quʼune « longue durée » dès lors où, passé 24 mois, un « chômeur » devient simple « demandeur dʼemploi » et ne peut prétendre quʼau RSA, soit à légèrement plus de 500 € ?
Plutôt que de chercher à faire des économies sur les allocations chômage, mieux vaudrait étudier réellement comment sont partagées les richesses en France. Car partage du temps de travail et partage des richesses vont évidemment de pair…