Régionales. Les « régionalistes » de Le Fur.

Le Fur

La presse quotidienne semble avoir fait du « régionalisme » lʼenjeu de la prochaine campagne régionale. Il nʼest pas un jour sans que Ouest-France fasse un papier sur les décisions de chaque groupuscule du milieu politique breton, et ils sont nombreux. Bien sûr Christian Troadec rejoint par lʼUDB, puis les « régionalistes » de Jean-Yves Le Drian (PS) ou Gilles Pennelle (FN) qui cherche à surfer aussi sur lʼidentité bretonne bien que son parti soit lʼarchétype du jacobinisme. Aujourdʼhui, cʼest Marc Le Fur (Les Républicains) qui sʼassure du soutien dʼautres « régionalistes » que sont Breizh Europa, le Parti fédéraliste européen et lʼAlliance fédéraliste bretonne.

Ces annonces sont réjouissantes car elles démontrent que les idées socles du mouvement breton (langue bretonne et réunification administrative de la Bretagne) sont suffisamment importantes aux yeux de chaque formation politique nationale pour que ces dernières sʼen emparent ou du moins se positionnent par rapport à elles.

Comme toute pédagogie est répétitive, répétons-le : si la Bretagne est un pays normal, il est logique que les mouvements politiques qui la composent soient divers et représentent tous les Bretons et pas un Breton fantasmé. Pour autant, les « renforts » régionalistes de Marc Le Fur sont aussi ceux qui reprochaient – jusquʼà présent – à lʼUDB dʼêtre installée dans un « clivage droite-gauche ». Caroline Ollivro, par exemple, a toujours estimé que lʼUDB était « de gauche avant dʼêtre bretonne » (comme si on devait choisir entre les deux !). Jean-Jacques Page, lui, a toujours voulu « transcender les clivages ». Quant à Jean-François Le Bihan, la moindre des choses eût été quʼil démissionne de son mandat de président de Bretagne réunie avant de sʼengager sur la liste de Marc Le Fur. Ne lʼayant pas fait, il rompt la neutralité dʼun mouvement historique et perd toute crédibilité. Tous se revendiquent « centristes » (un mot à la mode), mais nʼhésitent pas à suivre le très réactionnaire Marc Le Fur qui agace même dans les rangs de lʼUDI…

Cet épiphénomène méritait donc dʼêtre commenté malgré tout car il démontre, une fois de plus, que le « ni-droite, ni-gauche » est en réalité un discours « ni gauche, ni… gauche » ? Ceux qui le tiennent penchent toujours vers la droite au bout du compte. La haine que leur inspire le PS les fait se détourner, comme nombre dʼélecteurs, de la gauche. Si bien quʼon en vient à penser que ce sont eux qui font du PS LA gauche (comme sʼil nʼen existait pas dʼautre). Une question se pose dès lors : si LA droite les déçoit également, vers qui se tourneront-ils à lʼavenir ?

> Ar Skridaozerezh / La Rédaction

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