La Turquie préfère la dictature à la démocratie

Stop barbarie

On parle beaucoup de la Syrie, un peu moins de la Turquie. Pourtant, ce qui se passe là-bas risque d’avoir de graves conséquences. « Le Président turc Erdogan et son parti, l’AKP, ont incité des groupes racistes, nationalistes et fascistes à des manifestations violentes. Ceux-ci ont entrepris des actions de terreur contre les civils kurdes dans de nombreuses villes de l’ouest de la Turquie, notamment à Istanbul, Ankara, Kirsehir, Kocaeli, İzmir, Balikesir, Malatya, Mulga, Mersin, Keçiören, Tuzluçayır, Beypazarı, Balgat, Isparta, Konya et Antalya. », écrivait hier André Métayer, président des Amitiés kurdes de Bretagne.

LʼAKP du président Erdogan nʼayant pas réussi à sʼimposer dans les urnes comme ce dernier le voulait, aucune coalition politique nʼa réussi à sʼimposer et de nouvelles élections sont prévues en novembre prochain. En attendant, la pression est mise sur les kurdes : « Les groupes racistes ont démoli les enseignes, cassé les vitres et scandé des slogans contre les kurdes et le HDP » explique le communiqué des Amitiés kurdes de Bretagne. Des violences auxquelles la police turque n’a pas répliquée.

« Il y a deux jours, Erdogan a officiellement ordonné aux forces de police de tirer à vue sur tout civil considéré comme représentant une « menace ». Il a par ailleurs appelé la population à dénoncer tout individu jugé « suspect ». Ceci reflète une volonté de diviser la société, d’attiser les conflits interethniques et de stimuler le racisme anti-kurde », argumente André Métayer. Lʼobjectif est simple : faire battre en retraite lʼavancée démocratique que constitue lʼémergence du HDP qui séduit certes les kurdes, mais aussi les turcs et bien dʼautres nationalités qui souhaitent vivre en paix en Turquie. À lʼinverse, Erdogan rêve toujours de son « sultanat » et dirige la Turquie droit vers une dictature en faisant fi des votes de juin dernier où le HDP avait réussi à faire élire 80 députés. Visiblement, le parlementarisme est une blague pour le président. « Lʼeuphorie risque dʼêtre de courte durée », écrivions-nous dans Le Peuple breton de cet été. Hélas, nous avions vu juste et le régime turc a décidé de passer à lʼoffensive.

Hier soir a eu lieu à Rennes une manifestation de kurdes et amis des kurdes parmi lesquels Breizhistance, les jeunes communistes, Alternative libertaire et bien sûr lʼUnion démocratique bretonne et notamment son porte-parole, Nil Caouissin.

> Gael Briand

Journaliste. Géographe de formation, Gael Briand en est venu au journalisme par goût de l'écriture et du débat. Il est rédacteur en chef du magazine Le Peuple breton depuis 2010. Il a également écrit « Bretagne-France, une relation coloniale » (éditions Ijin, 2015) et coordonné l'ouvrage « Réunifier la Bretagne ? Région contre métropoles » (Skol Vreizh, 2015). [Lire ses articles]