Alors que « les migrants » continuent de faire la Une de lʼactualité, la maire de Rennes, Nathalie Appéré, a réagi il y a quelques jours au « drame humanitaire, d’une ampleur inédite, [qui] se joue sous nos yeux, sur nos plages, sur nos routes ». « Ne pas protéger, ne pas accueillir, serait contrevenir à toutes nos obligations », a-t-elle déclaré dans un communiqué avant dʼassurer que Rennes « sera à la hauteur de ses responsabilités ».
Face à cette déclaration, la question qui agite toujours les autonomistes est la suivante : cet accueil se fera-t-il dans les limites de la loi ou au-devant de ce qui est possible de faire légalement ? Car ce nʼest pas la même chose du tout dʼappliquer simplement ce que lʼÉtat autorise à faire ou de se mettre en difficulté en faisant plus que ce qui est possible. En somme, il y a une différence nette entre « gérer » et « faire de la politique ».
Lors du dernier conseil municipal, lundi 7 septembre, Ana Sohier, élue municipale UDB, a justement rappelé quʼau delà des mots, il fallait changer la philosophie qui présidait en France : « (…) accueillir les réfugiés dans de bonnes conditions, cʼest aussi leur permettre de trouver leur place dans la société, en reconnaissant leur identité et leur personnalité, en leur permettant de maintenir un lien avec un pays quʼils ont quitté non par choix mais par contrainte. Les cultures ne sʼexcluent pas. Je suis persuadée que reconnaître lʼapport culturel des nouveaux arrivants est la meilleure manière de les intégrer à notre société (et bien sûr, je ne parle pas dʼassimilation à une culture et à une histoire nationale) ». Or, lʼÉtat ne le fait pas et reste dans un registre ultra-nationaliste (les français et les autres) ce qui peut expliquer la pénétration du discours frontiste dans la société.
Cette intervention de la déléguée au patrimoine et à la langue bretonne a permis de faire le lien avec un texte dʼorientation en faveur du breton qui doit être présenté au conseil municipal dʼici quelques mois et dans lequel il sera justement question du plurilinguisme. « Afficher et enseigner plusieurs langues, cʼest éduquer à la diversité culturelle et au respect de lʼaltérité » a affirmé Ana Sohier. Ce qui vaut pour le breton vaut pour le kurde, le turc ou lʼarabe… « Cʼest à mon avis la meilleure des réponses à lʼextrême-droite et à lʼintolérance » a-t-elle conclu.