Le journal Les Echos a élaboré une carte du « bien-vivre » en France à partir de données récentes de lʼINSEE. Mais alors que la majorité de la population sʼarrête au « top 10 » (dont font partie Nantes et Rennes au passage), Le Peuple breton a cherché à faire parler plus profondément cette carte.
Il y a 304 zones dʼemploi en France, à lʼexclusion de la Guadeloupe, de la Martinique, de Mayotte et de la Réunion. À partir de critères aussi divers que la variation de la population de 2006 à 2011, lʼespérance de vie moyenne des hommes et des femmes, le revenus des ménages, le taux de pauvreté, de chômage, le taux de salariés précaires, le taux de diplômés du supérieur (…), le journal a réalisé une carte très intéressante et qui en dit long.
En ce qui concerne la Bretagne, pas de surprise : lʼIlle-et-Vilaine et la Loire-Atlantique sont à la pointe du « bien-vivre » à lʼexception notable du pays de Châteaubriant un peu à la traîne (du fait de revenus par ménages faibles) bien quʼà mi-chemin entre les deux métropoles que sont Nantes et Rennes et de Fougères. Globalement, si on sʼen tient aux critères retenus, il ferait mieux vivre en Haute-Bretagne quʼen Basse-Bretagne, les pays de Brest et de Morlaix se situant au milieu du tableau français. Plus problématiques sont les pays de Guingamp et de Carhaix dont le revenu des ménages est très faible par rapport à la moyenne française. Carhaix paie en plus son manque de diplômés dans le supérieur dans ce classement (6,1 %). Lorient et Brest sont les pays qui ont le plus fort taux de salariés précaires en Bretagne avec respectivement 17,02 % et 17,61 %. Le taux de pauvreté est relativement homogène en Bretagne allant de 10,7 % en Ille-et-Vilaine et dans la Loire-Atlantique à 12,6 % dans les Côtes dʼArmor (les moyennes étant départementales, difficile dʼêtre précis). En revanche, on notera lʼécart important en matière dʼespérance de vie entre le Finistère (75,7 ans pour les hommes/ 83,5 ans pour les femmes) et lʼIlle-et-Vilaine (78 ans H/ 84,7 ans F) et la Loire-Atlantique (77,2 H/85,2 F). Soit un écart de près de 3 ans pour des gens qui vivent pourtant sur un même territoire. Une espérance de vie des hommes qui, dʼailleurs, est parmi les plus basses de France alors que la Bretagne est considérée, si on en croit les couleurs adoptées par le journal, comme un des territoires où il fait le mieux vivre ! En étudiant attentivement les chiffres, on remarque que cʼest encore en région parisienne quʼon vit le plus longtemps en moyenne. Toutefois, nʼoublions jamais que les moyennes cachent toujours des écarts importants.
Hervé Le Bras estime que ce sont les régions à fortes solidarités (du fait de la religion notamment) qui pointeraient dans le classement. Cʼest une explication plausible. On pourrait y ajouter aussi le lien culturel qui existe notamment en Alsace, en Bretagne (5 départements), en Savoie ou au Pays basque, mais Hervé Le Bras ignore ce type de données. Qui plus est, ils ne semblent pas, selon les critères retenus, si marquants. Il nous semble justement que les critères du « bien-vivre » sont aussi très orientés ! Le revenu par ménages notamment y joue une place majeure si bien que la région parisienne se place facilement et logiquement dans la tête de tous les classements. Mais rien ne permet de dire que le « reste à vivre » est plus important à Paris quʼailleurs. De même, si la croissance de population est signe de dynamisme, elle ne devrait pas forcément être dans les critères de « bien-vivre » : la concentration de la population en région parisienne génère certes des activités économiques et culturelles plus importantes, mais également des nuisances fortes, notamment en matière de déplacement. Le cas de la Corse permet aussi de justifier lʼexclusion de cette donnée des critères de « bien-vivre » puisque sa croissance de population forte cache mal un taux de pauvreté à 19,2 %. Les villes universitaires sont aussi favorisées par ce classement puisquʼelles ont logiquement un taux de diplômés dans le supérieur plus fort. Rennes et Nantes notamment se détachent donc assez facilement. Dernier argument qui met en doute ce « classement », le taux de chômage dont on sait pertinemment que les taux affichés sont sous-estimés.
Bref, prudence est mère de sûreté ! Cette carte nʼest au final quʼune excuse pour discuter des disparités existantes dans cette France soit disant « une et indivisible ».