
La campagne « Oui la Bretagne » démarre doucement : marche de lʼUDB Jeunes en faveur dʼune transversale ferroviaire, passage sur le Tour de France pour populariser la plate-forme, lepeuplebreton.bzh a souhaité connaître la suite des évènements et interroge de nouveau Nil Caouissin, porte-parole de lʼUDB.
PB : Nil, tu as participé aux quatre jours de marche organisés par lʼUDB Jeunes. Comment sʼest passée cette expérience ?
La population est très favorable au projet. Partout où nous sommes passés, nous nʼavons reçu que des échos positifs. Les commerçants accrochaient au mur notre tract, on nous offrait souvent à manger et à boire, voir lʼhospitalité… La presse a été au rendez-vous à presque toutes les étapes et la marche sʼest terminée par un reportage de France 3. Lʼobjectif de faire entrer le sujet dans la campagne des régionales est donc atteint. Nous allons continuer à défendre les transports du quotidien en Bretagne au cours des mois à venir. Il faut faire partager, aussi largement que possible, lʼidée que la Bretagne a besoin de lignes transversales Nord-Sud et pas uniquement Est-Ouest. Il est aujourdʼhui plus rapide de faire un trajet Rennes-Paris en train quʼun trajet Lorient-Saint-Brieuc…
Ce thème amène aussi à se poser la question du budget. Ouvrir à nouveau la liaison Auray-Saint-Brieuc nécessitera de remettre en état les infrastructures, de reconstruire le tronçon manquant entre Loudéac et Pontivy, et bien sûr de doubler la ligne.
PB : Comment financer ces transversales ?
Si on attend la bonne volonté de lʼÉtat central, cela risque dʼêtre long. Gortoz gwell, gortoz pell… Pour les stratèges de lʼaménagement du territoire français, cʼest la région parisienne qui doit tirer lʼéconomie de tout le pays, et lʼobjectif des investissements ferroviaires doit être de mieux la relier aux autres grandes villes. Les liaisons inter-régionales et intra-régionales sont secondaires par rapport à cet objectif de faire de la région parisienne une mégapole internationale.
Pour financer des projets qui répondent aux besoins des habitants et non à des rêves de grandeur, il faut donc obtenir les moyens de le faire nous-mêmes. Ce nʼest pas le cas aujourdʼhui : les régions restent des nains budgétaires en France, et la Bretagne est sous-dotée en euros par habitant. La région Bretagne administrative investit pour maintenir en état les infrastructures (elle sera le premier financeur pour la remise en état de la ligne Guingamp-Paimpol) mais nʼa pas les moyens de financer la remise sur pieds dʼun réseau ferroviaire breton desservant efficacement tout le territoire.
Si ces élections régionales donnent une majorité aux autonomistes, nous serons en position de force pour négocier une autonomie budgétaire, cʼest à dire un budget beaucoup plus important et une fiscalité propre. Quand les Bretons feront le choix dʼassumer collectivement, dans les urnes, leur volonté de décider eux-mêmes de leur avenir, leur avis aura toutes les chances dʼêtre pris en compte, pour de simples raisons de rapport de force électoral. Tandis quʼen continuant à voter pour les partis en place, même si leurs représentants bretons sont sincères dans leurs convictions, le message envoyé à lʼÉtat sera « continuons comme ça, il nʼy a pas de problème »…
PB : « Alors que la Région Bretagne était peu endettée, le déficit a explosé sous les présidences PS de Le Drian et Massiot ». Ce sont les mots du Parti breton. Que tʼinspirent-ils ?
Cʼest soit de la méconnaissance, soit de la mauvaise foi. Les régions ne peuvent voter de budgets en déficit. Ce qui est vrai, cʼest que la région a emprunté, et que sa dette a pu sembler monter assez haut en pourcentage… puisquʼon partait dʼun niveau très bas ! En réalité la région Bretagne nʼest pas plus endettée que la moyenne des autres régions aujourdʼhui. Bien entendu, on peut discuter de lʼopportunité de tel ou tel investissement. Mais attaquer le fait même que la région dépense de lʼargent, quʼest-ce que cela signifie ? Quʼon voudrait quʼelle reste spectatrice de ce qui se passe sur le territoire sans essayer dʼapporter des réponses aux crises ?
On retrouve là un vieux thème de la droite libérale : les investissements publics seraient forcement inutiles, du gaspillage… Il en faudra pourtant, des investissements, si nous voulons que la Bretagne soit autre chose quʼune lointaine banlieue de Paris ou de lʼEurope rhénane. Lʼéconomie de marché ne va pas créer elle seule, par génération spontanée, les secteurs économiques et les infrastructures qui nous manquent. Dans les transports, les énergies renouvelables, le logement, lʼagriculture et lʼagroalimentaire, lʼéconomie maritime… les besoins en investissements sont élevés et il faut que des pouvoirs publics organisés en Bretagne les assument.
Oui la Bretagne sʼengage pour que la Bretagne ait les moyens de son développement. Pas pour quʼelle sʼen prive dʼelle-même. Avec des attaques de ce genre, on prête le flanc aux critiques des jacobins, qui ont beau jeu de dire que les régions ne sont pas capables de se gérer… alors que le problème, ce nʼest pas la gestion des comptes de la région, cʼest le centralisme !
Cʼest la baisse des dotations dʼÉtat et la réduction à peau de chagrin de lʼautonomie fiscale quʼil faut critiquer. Ce qui se passe aujourdʼhui, cʼest le programme de la droite que le PS au pouvoir à Paris continue à appliquer, ce dont le MEDEF breton se félicite dʼailleurs. Participer à ces attaques contre lʼinvestissement public en Bretagne, ce nʼest pas dire Oui la Bretagne, mais bien plutôt Non la Bretagne !
PB : Pourtant, Yves Pelle, le Président du Parti breton, sʼexprime au nom de la plate-forme sur un site dʼextrême-droite breton…
Le Parti breton nʼest pas membre de la plateforme. Il sʼexprime donc uniquement au nom de son parti. Quʼun parti décide de soutenir cette liste le regarde, mais cela nʼen fait pas un membre de la plateforme pour autant. Cʼest un rassemblement sur un projet politique, avec une cohérence.
La plateforme Oui la Bretagne nʼa aucun lien avec lʼextrême-droite, quʼelle soit française ou bretonne. La Charte des valeurs qui la constitue ne laisse aucun doute là-dessus : « Oui la Bretagne est une plate forme politique régionaliste rassemblant les forces démocrates, de gauche et les progressistes de Bretagne »…
PB : Quelles sont les prochaines échéances ? Comment pourra-t-on suivre lʼévolution de cette campagne ?
La campagne va continuer pendant lʼété. Pour la suivre, on peut commencer par consulter le site Oui la Bretagne qui publie régulièrement les actualités de la plateforme et les rendez-vous de campagne. LʼUDB Jeunes prévoit pour le mois dʼoctobre une nouvelle action, dans le même esprit que la marche Auray-Saint-Brieuc, mais cette fois sur le thème du logement. Des thèmes qui touchent les Bretons dans leur quotidien.