Démographie bretonne: le déséquilibre Est-Ouest s’accentue

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Le saviez-vous ? Ce n’est qu’en 1999 que l’Ille-et-Vilaine a dépassé le Finistère en nombre de population ? Les dynamiques démographiques en Bretagne traduisent aujourd’hui une réelle problématique est-ouest. Cependant, un petit retour historique des dynamiques démographiques de la Bretagne nous montre que les choses ne sont pas immuables. Que les lieux « forts » peuvent « s’affaiblir » et vice-versa. Ainsi, le déséquilibre est-ouest n’est pas une fatalité, est le résultat de choix politiques passés et pourrait s’amoindrir si de nouveaux étaient faits.

En 1846, le département des Côtes d’Armor est le plus peuplé de Bretagne avec 628 000 habitants, suivi du Finistère avec 612 000 habitants, puis l’Ille et Vilaine avec 563 000 habitants, puis la Loire-Atlantique avec 517 000 habitants et enfin le Morbihan avec 473 000 habitants. Finalement, les écarts de l’époque sont peu importants. La population est plutôt bien répartie sur toute la Bretagne.

Avec l’industrialisation et les premiers exodes ruraux, les déséquilibres commencent à apparaître. C’est ainsi, qu’un siècle et trois guerres plus tard, en 1962, le département le plus peuplé est devenu la Loire Atlantique avec 803 000 habitants (arrivée de population, surtout de l’ouest de la Bretagne), puis le Finistère avec 749 000 habitants (fort taux de naissance notamment). L’Ille et Vilaine est largement dépassée par ces deux départements et reste un gros département rural avec 614 000 habitants. Au début du siècle, le « petit Brest intra muros », c’est-à-dire Siam-Recouvrance compte 90 000 habitants tandis que Rennes plafonne à 79 000 en 1911. La première guerre mondiale changera profondément la donne par la suite. Le Morbihan montre un début de dynamique démographique avec 530 000 habitants, alors que les Côtes d’Armor s’effondrent, dû à un fort exode rural et aux pertes humaines dues à la première guerre (501 000 habitants, perte de 127 000 habitants en un siècle).

Aujourd’hui, l’équilibre est totalement inversé. La haute-Bretagne qui était moins peuplée et moins dense que la basse-Bretagne, se densifie fortement avec un fort apport de population continue de bretons de l’Ouest et de français. Ainsi, en 2015, le premier département reste la Loire Atlantique mais avec une dynamique démographique extraordinaire atteignant 1 313 000 habitants (plus 500 000 habitants en 50 ans soit plus de 100 000 nouveaux habitants à loger tous les 10 ans, d’où une forte pression sur les terres agricoles dans ce département). L’Ille et Vilaine, avec 1 027 000 habitants, surpasse le Finistère traduisant démographiquement les choix politiques de l’Etat central d’en faire le chef-lieu régional à la place de la Loire Atlantique ou du Finistère. Ce dernier peine d’ailleurs à maintenir sa population qui est de 905 000 habitants. Le Morbihan profite largement d’un apport de population du à son tropisme estival: 742 000 habitants aujourd’hui. Les Côtes d’Armor n’ont toujours pas retrouvé le taux de population de la moitié du XIXème siècle et ne comptent que 599 000 habitants.

Les dynamiques démographiques sont le reflet des grands choix politiques et macro-économiques d’aménagement du territoire (faire de telle ville une capitale régionale par exemple, déplacement de grandes usines, construction de grandes infrastructures routières ou ferroviaires, construction d’universités…). Si la Bretagne souhaite se rééquilibrer, mais surtout mettre un terme à sa déstructuration en cours, il faudra donc faire des choix audacieux. Le déplacement d’institutions, de sièges sociaux et les réorientations des investissements sont des exemples. En déplaçant le siège du Conseil Régional de Bretagne de Rennes vers Brest ? Chiche ?

> Tristan An Nedeleg

Douaroniour / Kêraozour - Géographe / Urbaniste