Tout semble réussir à Isabelle Le Callennec, députée dʼIlle-et-Vilaine et porte-parole de lʼUMP avant le changement de nom ridicule du parti en « Républicains » (et vive lʼAmérique de Nicolas Sakozy !). La « fillonniste » ne sera, selon ses dires, pas candidate aux régionales de décembre prochain, mais vient dʼannoncer quʼelle fera campagne pour Marc Le Fur. Celle qui, en 1993, est devenue chef de cabinet puis assistante parlementaire de Pierre Méhaignerie (maire de Vitré depuis 1977), se dit volontiers « centriste », mais ne rechigne pas, contrairement à dʼautres, à faire la campagne du très droitier député de Lamballe et vice-président de lʼAssemblée Nationale. Alors, « centriste » Isabelle Le Callennec ?
Très présente sur le terrain, non dénuée dʼune certaine aisance, Isabelle Le Callennec fait partie de cette « génération » de jeunes loups de droite que le PS nʼa pas vu venir bien quʼils militaient depuis longtemps. Cʼest cette génération qui a raflé un certain nombre de mairies de villes moyennes en Bretagne en mars 2014 et qui compte bien les garder. Même si la députée dʼIlle-et-Vilaine nʼest pas maire, elle occupe malgré tout également un mandat de conseillère générale. Le cumul des mandats, quʼimporte ! Elle fait partie des « besogneux »…
« Il faut travailler plus » déclare-t-elle à 20 minutes le 9 juin dernier. « Si les gens travaillent plus, ils sont en droit d’être rémunérés plus : c’était l’idée des heures supplémentaires défiscalisées ». Si elle avouait en décembre 2014 sur France Inter que « chez nous en Bretagne, on est pas très favorable au travail le dimanche », elle assure quʼil faut « laisser les français travailler ». La même idée sarkozyste qui ne change pas : travailler plus pour gagner plus. Et les français lʼont bien senti quʼils gagnaient plus durant le mandat 2007-2012 !
Les Républicains iront plus loin que lʼUMP, nʼen doutons pas, et il faudra cette fois-ci « travailler plus longtemps » aussi pour (espérer) gagner plus. « Je suis pour qu’on recule l’âge légal de départ à la retraite, et pour une convergence des systèmes de retraite privée et publique » déclarait-elle encore à 20 minutes. Outre le fait que lʼon perçoit bien la volonté de tirer vers le bas les conditions du public plutôt que dʼessayer de tirer vers le haut celles du privé, Isabelle Le Callennec nous invente, en filigrane, une nouvelle maxime pour son parti : « travailler plus et plus longtemps pour gagner plus ». Une belle idée de la vie qui peut pousser certaines femmes à préférer lʼinterruption volontaire de grossesse plutôt que faire vivre leurs enfants dans un monde dirigé par ces esclavagistes…
Mais hopala, il ne saurait en être question ! Isabelle Le Callennec pense que les français ont besoin dʼautorité. On rappellera aux lecteurs sans mémoire que lors des débats sur lʼinterruption volontaire de grossesse, elle proposait avec dix-huit autres députés UMP un amendement pour dérembourser lʼacte. Les féministes apprécieront… tout comme les progressistes se souviennent de lʼavoir vu dans les rangs de la « Manif pour tous », en novembre 2012, à Rennes. « Vivre-ensemble, mais pas avec tout le monde » pourrait être un autre slogan des Républicains !
En matière dʼaccueil des migrants, on voit aussi parfaitement bien le côté « centriste » dʼIsabelle Le Callennec en lisant notamment cet amendement récent à la réforme du droit dʼasile : « Il sʼagit, par cet amendement, de sʼopposer à lʼinstauration dʼun droit dʼaccès au marché du travail doublé dʼun droit à formation professionnelle pour le demandeur dʼasile, 9 mois seulement après la remise de lʼattestation de demande dʼasile, et avant octroi du statut de réfugié. Le législateur va créer un nouvel appel dʼair des demandeurs dʼasile vers la France, en quête de formation et dʼemploi ». Lʼ « humain », une valeur chère à nos compatriotes de droite !
Née à Nantes, elle se dit toutefois favorable à une Bretagne à cinq départements. Tant mieux ! On a toutefois quelques raisons de douter de cette certitude tant les propos oscillent entre « Bretagne » et « Grand Ouest ». Ce que la droite reproche en réalité à Jean-Yves Le Drian, cʼest que la Bretagne soit « restée à 4 », pas que la Bretagne nʼait pas été réunifiée. Le Peuple breton le regrette aussi, mais ne regrette pas en revanche le projet de Grand Ouest, aussi technocratique quʼhors sol.
Une chose est certaine, si cʼest cela être centriste, alors, ça ne mérite pas mieux que dʼêtre de droite ! Et ce nʼest pas parce que Marc Le Fur parle breton et soutient une Bretagne à 5 départements (quʼil nʼa pas plus obtenu que Jean-Yves Le Drian entre 2002 et 2012) quʼil devient plus sympathique à nos yeux…