La session plénière de jeudi 18 juin a comme objet principal le budget. Et cʼest bien sûr Christian Guyonvarcʼh (UDB), rapporteur général du budget, qui a introduit le débat et expliqué le contexte : « la part que les dotations de lʼEtat occupent dans les produits de fonctionnement courant nʼa guère évolué entre 2009 (37%) et 2014 (36%), mais cette donnée est trompeuse car 2014 voit une baisse très forte de -12,4% qui sʼexplique dʼune part par une diminution de la dotation globale de financement (DGF), de 8 M€ pour la part forfaitaire (avant trois baisses successives – donc cumulatives – de 20,7 M€ entre 2015 et 2017) et de 2 M€ pour la part péréquation, dʼautre part par la reconfiguration du financement de la formation professionnelle et de lʼapprentissage. En effet la Dotation de décentralisation relative à la formation professionnelle continue et à lʼapprentissage (DDRFPA) a été remplacée par de la fiscalité sans pouvoir de taux et des dotations à caractère transitoire ». Bref, lʼEtat réduit ses dotations et le rapporteur général du budget, autonomiste convaincu, doit assumer des baisses de dotations quʼil ne soutient pas !
Le Medef breton, par contre, semble ravi de cet étranglement des collectivités. Le 8 juin dernier, lors de la session du Ceser, il tenait à saluer « favorablement la baisse des dotations de lʼÉtat ». Avant dʼajouter : « lʼexamen de ce rapport financier souligne la part désormais assez faible de la fiscalité locale avec pouvoir de taux. Nous tenons à saluer sur ce point lʼesprit de responsabilité des gouvernements issus de majorités différentes qui ont permis dʼarriver à cette situation (…). »
Christian Guyonvarcʼh nʼa pas hésité à rappeler que « ces propos nʼont pas empêché le Medef de déclarer dans la même intervention, le 8 juin, quʼil souscrivait par ailleurs aux importants investissements ferroviaires, numériques et portuaires de la Région, des investissements qui, pour certains dʼentre eux, relèvent pourtant du champ de compétences de lʼÉtat. Sans caricaturer, le message du Medef est donc le suivant : que lʼÉtat réduise encore les ressources de la Région mais, en même temps, que celle-ci investisse toujours davantage là où lʼÉtat fait défaut ».
À la fin de son intervention en session, pour le dernier compte-rendu budgétaire du mandat régional, le rapporteur général du budget a malgré tout estimé « pouvoir dire que celles et ceux qui siégeront dans cette assemblée à partir de lʼannée prochaine, quels quʼils soient, trouveront la Région dans une situation financière saine. Jʼai dit « saine » et non pas facile (…) » Pierrick Massiot, le président du Conseil régional de Bretagne, dans son discours introductif à la session a, lui aussi, estimé que « lʼétat des lieux [de la situation financière de la Région], inquiétant ou non, sera évidemment déterminant pour la conduite des projets à venir, quelle que soit la majorité qui sortira des élections de décembre ». Quelque soit cette majorité, Le Peuple breton leur souhaite bien du plaisir si lʼÉtat continue de concevoir lʼaction publique de manière aussi centralisée…