Pas un article dans les journaux locaux, pas une brève dans les JT. Voilà une décision prise par des élus qui impacte directement la vie des citoyens sans quʼils nʼen sachent rien. Après trois années dʼinstruction, le SCoT (schéma de cohérence territoriale) du Pays de Rennes a été voté vendredi 29 mai à Noyal-sur-Vilaine. Adopté par 56 voix pour, 10 abstentions et 22 voix contre (et 12 non votants), ce document essentiel en termes dʼaménagement urbain, dʼenvironnement et de développement économique semble déjà fragilisé.
Mis en révision en octobre 2012, le projet de nouveau SCoT était défendu avant tout par les élus de Rennes Métropole. La dernière année de réalisation a mis en évidence des divergences importantes en matière dʼurbanisation, mais surtout dʼaménagement commercial. Aussi, avant le vote du document final, la vice-présidente (et présidente de Châteaugiron Communauté) Françoise Gatel a annoncé un vote défavorable de la part des élus de sa communauté de communes. Ces élus demandaient notamment davantage de souplesse dans les règles dʼurbanisme (densification urbaine). Daniel Cueff, vice-président représentant de la Communauté de communes du Val dʼIlle, appelait également à un vote négatif en dénonçant la vision métropolitaine de ce Scot. Cette métropolisation, outil dʼaménagement du territoire transformé en idéologie, fait de la compétition économique et territoriale un élément majeur de lʼaménagement du territoire. Ainsi, Rennes renonce à son rôle de capitale régionale pour sʼatteler à devenir métropole européenne même si cela passe par le « pompage » des territoires périphériques. Les élus rennais reproduisent ici ce que les Bretons dénoncent depuis le milieu du XXe siècle : « Paris et le désert français ».
Avec le vote assuré des élus rennais (souvent absents mais représentés), lʼélection semblait jouée dʼavance. Toutefois, avec à peine plus de la moitié des votes favorables, ce document crucial semble contesté avant même sa mise en application. Il sera facile aux élus comme aux acteurs économiques ou même simples citoyens dʼen contester la pertinence devant les tribunaux. 22 élus ont voté contre : ceux de Châteaugiron Communauté, plusieurs du Val dʼIlle dont Daniel Cueff et moi-même. Devront-ils adapter le célèbre slogan de lʼUDB : « Rennes nous pompe » ?