Quel avenir pour le lac de Grand Lieu ?
Le 22 avril 2015, Ouest-France titrait en page Bretagne « Aéroport de Nantes : extension quasi impossible ». Une offensive du Conseil Régional des Pays de La Loire annoncée par Hug de Larauze, Président régional de la chambre régionale de commerce et d’industrie des Pays de la Loire. Cette dernière a commandé à un cabinet juridique (EY conseil) une étude qui viserait à étudier (et discréditer) la faisabilité d’un réaménagement de l’aéroport actuel en réponse aux opposants de l’aéroport de Notre-dame des Landes (NDDL).
Notons tout d’abord que, normalement, ce type de dossier est confié à des équipes pluridisciplinaires assemblant géographes, urbanistes, architectes, paysagistes et juristes. Le choix d’un cabinet de Conseils apparait ici étrange. Évidemment, l’étude conclura que l’extension de l’aéroport de Nantes sur le site actuel serait risquée juridiquement et plus dommageable pour l’environnement que la construction de l’aéroport de NDDL. Mais par quel subterfuge parviennent-ils à cette conclusion ?
Selon EY, la Commission européenne autoriserait une éventuelle extension à trois conditions : des mesures compensatoires, un projet justifié par des raisons d’intérêt public majeur et l’absence de solution alternative. D’après EY, les deux premières solutions peuvent-être remplies, mais pas la troisième car NDDL serait une alternative.
Mais reprenons les choses dans le bon ordre, avec une approche d’aménagement durable : c’est justement l’extension de Nantes Atlantique qui pourrait être une mesure alternative à la construction de NDDL. Car, on le sait, mieux vaut développer ce qui existe déjà et refaire « la ville sur la ville » plutôt que d’urbaniser de nouveaux fronts pionniers ! En réaménageant l’aérogare, en optimisant les nappes de parkings qui s’étendent à perte de vue, en créant des parkings à étage, celui de Nantes Atlantique pourrait absorber une forte croissance sans s’étendre sur les espaces agro-naturels limitrophes.
Enfin, l’étude d’EY indique qu’une « modification substantielle de l’aéroport nantais actuel, réaménagement ou extension, générerait un droit de regard de la Commission européenne. Nantes-Atlantique devrait se conformer à des contraintes très importantes avec trois zones Natura 2000 à proximité, dont deux à moins de 5 kilomètres : la Loire et le lac de Grand-Lieu ». Ce qu’oublie de dire cette étude, c’est que l’aéroport de Nantes Atlantiques et le Plan d’exposition au Bruit qu’il a généré a introduit dans le Plan Local d’Urbanisme de la métropole nantaise des « courbes isophoniques ». Il s’agit des zones de bruit. Ces dernières génèrent une presque inconstructibilité des zones non urbanisées et des contraintes sur les zones déjà urbanisées. Un géographe remarquera donc très vite qu’en superposant ces courbes à une carte des espaces naturelles sur Nantes métropole, que l’aéroport de Nantes a permis de préserver de la péri-urbanisation tout le quart sud-Ouest de la Métropole. De ce fait une bonne partie du bassin versant du lac de Grand-Lieu est protégée justement grâce à la présence de l’aéroport…
Si jamais l’aéroport de Nantes déménageait, la pression foncière serait telle sur ce secteur de Nantes, que les zones Natura 2000 en seraient bien plus en impactées par l’urbanisation de milliers de pavillon que par la seule extension de l’aéroport. À méditer…