Le 7 juin prochain auront lieu les élections législatives en Turquie. Cinquante-trois millions d’électeurs sont appelés aux urnes pour élire 550 députés. Depuis 2002, c’est l’AKP du président et ancien Premier Ministre turc Recep Tayyip Erdoğan qui est au pouvoir. Son objectif : remporter une nouvelle victoire et « présidentialiser » le régime. Face à lui, le Parti démocratique des peuples (HDP) entend bien rentrer à l’Assemblée nationale.
L’élection qui se joue dimanche est loin d’être anodine en Turquie. Alors que le PKK semble prêt à favoriser autant que possible la voie politique, un échec du HDP pourrait se traduire par une reprise des hostilités (toujours larvées) entre le régime turc et les Kurdes. Lors des dernières présidentielles, en 2014, le candidat pro-kurde, Selahattin Demirtaş, avait atteint 9,77 % des voix se classant ainsi troisième. L’espoir existe donc chez les partisans du HDP de franchir, pour la première fois, la barre des 10 % nécessaires à la représentation à l’Assemblée Nationale turque. Un barrage électorale qui est, selon Anne Andlauer, journaliste à rfi, « parmi les plus hauts du monde » [ndlr : en France, il n’y a pas de proportionnelle du tout !]. Le HDP qui glanait auparavant ses voix à l’est de la Turquie, au Kurdistan donc, commence à convaincre les militants de gauche turcs, fatigués de devoir choisir entre des conservateurs et des islamistes. Parmi les propositions du HDP, on trouve en effet l’abolition des cours de religion obligatoire dans les écoles et du service militaire obligatoire, l’arrêt de la censure d’internet et la fin de l’Etat tout puissant et centralisé. Les listes du parti sont presque paritaires et le parti se veut pluri-national et non simplement représentatif des Kurdes.
La bataille est rude dans cette dernière ligne droite comme l’explique André Métayer sur le site des Amitiés kurdes de Bretagne : « le président, au mépris de la Constitution, est sur tous les fronts et mobilise tous les moyens des institutions de l’État pour faire campagne en faveur de son parti islamo-conservateur au pouvoir, l’AKP. Les 24 chaines de télévision diffusent en boucle des messages vilipendant l’opposition et encensant l’AKP. L’inquiétude est grande dans les partis d’opposition et dans les syndicats qui craignent une fraude massive ». L’entrée au Parlement d’un groupe de députés du parti pro kurde ferait perdre à Erdoğan la majorité de 2/3 qui lui est nécessaire pour changer la Constitution.
Selon les Amitiés kurdes de Bretagne, « les instituts de sondage sont toujours hésitants et situent le HDP dans une zone critique (entre 9 et 11%) mais les Kurdes croient à leur entrée au Parlement avec un score de 13% ». On croise les doigts…