Cap Coz, à Fouesnant
Le phénomène des algues vertes n’est pas nouveau en Bretagne. Certaines communes ont même une triste réputation du fait des marées vertes qu’elles subissent régulièrement. C’est le cas de la grande plage de Saint-Michel-en-Grève par exemple. Avec le temps pluvieux suivies des fortes chaleurs attendues, il y a fort à parier qu’avec toute la bonne volonté du monde, la « laitue de mer » va refaire son apparition. Pour le pire… et le meilleur ?
Outre l’aspect répulsif pour les touristes de voir une plage envahie par des algues vertes, la putréfaction de ces dernières fabriquent un gaz, l’hydrogène sulfuré, qui a déjà prouvé sa toxicité. Cheval, sangliers, chien et même peut-être homme : les victimes de cette calamité sont nombreuses et les autorités ont pris le problème à bras le corps depuis 2009.
En octobre dernier, le Conseil régional de Bretagne expliquait dans un bilan de sa politique de lutte contre les marées vertes que « si les échouages d’algues vertes en Bretagne ont été, cette année [2014] comme en 2013, tardifs et faibles en volume échoué, le Centre d’Etudes et de Valorisation des Algues (Ceva) confirme que le phénomène est loin d’être durablement sous contrôle ». Et de rajouter : « Le volet préventif doit rester la clé de voute du plan algues vertes mis en œuvre par l’Etat avec la Région Bretagne, les Départements du Finistère et des Côtes d’Armor, l’Agence de l’Eau et l’Ademe dans huit baies particulièrement touchées ».
Le volet préventif, c’est la réduction en amont de l’apport d’azote provenant des nitrates présents dans les engrais et les stations d’épuration. Cela suppose donc de mettre autour d’une table les acteurs des bassins versants afin de modifier les pratiques des uns et des autres.
Mais voilà que l’industrie commence à s’intéresser aux algues vertes… Le Télégramme du 2 juin explique par exemple que « la société Agrival espère obtenir le feu vert des autorités préfectorales pour collecter les algues vertes dans les baies de Saint-Brieuc et de la Lieue de Grève, à Plestin-les-Grèves. » Une aubaine pour les collectivités qui prennent en charge une grosse partie des coûts de ramassages ! Si, en plus, cela permettait de créer de l’activité économique, les algues vertes seraient-elles toujours classées dans la catégorie des fléaux ?
En 2012, Cloître Imprimeurs, situé à Saint-Thonan dans le Finistère et qui imprime Le Peuple breton, avait par exemple passé commande auprès de la société italienne Favini pour la réalisation de cartes de voeux à base d’algues vertes. Louable pensée que de valoriser des nuisances, mais selon la célèbre règle des « 3 R » (réduction, réutilisation, recyclage), n’est-il pas plus écologique de réduire que de recycler ? C’est aussi ce que pensent les opposants aux algues vertes qui craignent que des entreprises ne valorisent ce qui, pour eux, est une nuisance et une conséquence de pratiques agricoles productivistes et d’un élevage intensif qui n’est pas souhaitable.
L’article du Télégramme laisse entendre que les entreprises commencent même à cultiver sous serre des algues vertes. L’algue verte, comme les biocarburants en Amérique du sud, remplacera-t-elle, pour certains, la culture des aliments en Bretagne ? On ne peut jurer de rien tant le système capitaliste privilégie la rentabilité au bien commun…