David Grosclaude, conseiller régional d’Aquitaine et membre du Partit Occitan, a entamé hier une grève de la faim. Installé dans le hall de l’Hôtel de Région, à Bordeaux, il entend par cette action dénoncer « les signes de mépris de la part de l’État pour notre langue » [l’occitan] .
Après l’abandon de la promesse de ratification de la charte européenne des langues régionales et minoritaires, après l’annonce d’une réforme du collège qui empêchera l’enseignement des langues dites régionales en sixième, l’absence de suites données par les services de l’État à la création d’un office de la langue occitane aura été, pour l’élu occitan, la goutte d’eau faisant déborder le vase.
Pourquoi un office de la langue occitane ?
En juin 2014, les assemblées régionales d’Aquitaine et de Midi-Pyrénées valident chacune, à l’unanimité, la création d’un Office public de la langue occitane (OPLO). Cet outil répond à la nécessité d’atteindre progressivement un taux de locuteurs de l’occitan de 30 % dans les régions concernées. Cette proportion est en effet préconisée par l’UNESCO pour le maintien d’une langue. Or les différentes enquêtes estiment que le pourcentage d’habitants occitanophones est de 9 % en Aquitaine (1) et qu’en Midi-Pyrénées, 4% de la population est bilingue et 14% a un niveau dit “moyen”. Les deux régions, soucieuses de préserver cette richesse linguistique tout en étant conscientes des difficultés budgétaires de leurs collectivités ont donc fait le choix d’une action commune. « Il s’agit […] de s’inscrire dans le cadre d’une recherche permanente d’efficacité et d’efficience de l’action publique vouée à la promotion de l’occitan » déclarait la résolution votée par la Région Aquitaine lors de sa session du 23 juin 2014.
« Cela fait bientôt un an !»
Mais, État centralisé oblige, pour que le projet voit le jour officiellement, il doit faire l’objet d’une publication au journal officiel. « Cela fait bientôt an ! » s’exclame David Grosclaude. Un an que les deux régions ont voté pour la création d’un office de la langue occitane et que le projet n’est toujours pas validé par l’État. « Que des délibérations de deux assemblées régionales soient traitées avec si peu de considération —pour ne pas dire avec du mépris— n’est pas acceptable » écrit David Grosclaude. Une situation qui, selon l’élu occitan, « ne fait que donner des arguments à tous ceux qui pensent que la politique consiste seulement à faire des promesses que l’on ne tient pas ».
Des blocages récurrents
Le mépris dénoncé par David Grosclaude ne s’appuie pas uniquement sur le déni de démocratie que constitue la non-officialisation de ce projet voté par des élus de la République. « Ce blocage de l’État central lorsqu’il s’agit de traiter de la question des langues dites régionales est récurrent. » ajoute le conseiller régional du Partit Occitan en faisant référence aux nombreuses commissions sur la pluralité linguistique qui n’ont pas eu de suite et à la réforme du collège qui met en danger l’enseignement des langues « régionales ». » C’est cette situation que David Grosclaude considère comme du mépris, qu’il dénonce et par son action il souhaite « interpeller l’État, et particulièrement ses services centraux […] pour que cette situation cesse ».
« Son combat est aussi le nôtre »
Les soutiens à l’action de l’élu occitan ont rapidement commencé à affluer et bien-sûr en premier lieu de la part de Régions et peuples solidaires (R&PS) dont le Partit Occitan est membre. L’UDB, qui fait également partie de cette fédération de formation politiques régionalistes et autonomistes a également apporté son soutien. « Son combat est aussi le notre » a déclaré Nil Caouissin, porte-parole de l’UDB tandis que les quatre conseillers régionaux du parti de gauche bretonne apportaient également leur soutien. « Il est ahurissant qu’il faille en arriver à faire une grève de la faim pour mettre en application ce qu’ont démocratiquement décidé deux conseils régionaux » a rajouté Victor Gallou, responsable des affaires internationales de l’UDB.
Crédit photo : Enbata