Il est assez étrange de constater que, depuis deux ans, les vicissitudes politiques en France et en Italie semblent avoir de plus en plus une matrice commune. En 2013, au cours d’une interview, Eric Jozsef, correspondent à Rome du quotidien Libération, me confia que l’Italie représentait pour lui une sorte de laboratoire politique : ce qui passe dans le Belpaese, tôt ou tard, se passera ailleurs. Cela n’était pas faux.
Il n’aura fallu que quelques mois à Matteo Renzi, qui jouissait d’une incroyable popularité auprès de l’électorat italien et était devenu leader du Parti Démocrate, pour devenir Premier ministre. De même, Manuel Valls, nommé premier ministre par François Hollande, lui aussi en raison d’une popularité, est arrivé au pouvoir pour aider un Président de la République en grande difficulté.
Les deux étant anciens maires, ils partagent de nombreuses caractéristiques. Décideurs et peu enclins au débat, ils ont donné un virage déterminé à droite à leur gouvernement. Cela n’est pas par hasard s’ils disposent d’une forte popularité de la part de leurs adversaires : ils personnifient le franchissement des idéologies sacrifiées sur l’autel du nécessaire. Il s’agit, en effet, de la révolution néo-libérale réalisée par la nouvelle gauche. On peut expliquer ainsi les deux réformes du marché du travail (loi Macron en France, Jobs Act en Italie) qui ont étés mises en place presque simultanément. De la même manière, les deux Premiers ministres ont retouché l’éducation nationale (réforme du collège en France, La Buona Scuola en Italie). Valls et Renzi, en dernier lieu, doivent faire face à une minorité de frondeurs parfois aguerris à l’intérieur de leurs partis, qui demandent des politiques plus à gauche.
Du côté de la droite, les choses ne changent pas. Si le mardi 26 mai, la justice a autorisé l’UMP de Nicolas Sarkozy à se rebaptiser « Les Républicains », Silvio Berlusconi, anciens premier ministre italien, il y a quelque jour a dévoilé son intention de fonder un nouveau mouvement politique nommé « Repubblicani » (Les Républicains, en français). Berlusconi et Sarkozy se ressemblent beaucoup : de la difficulté d’abandonner la scène politique jusqu’aux problèmes de justice.
En Italie, comme en France, c’est l’extrême droite qui profite de cette situation. Les partis républicains la poursuivent et l’imitent sur le terrain de la sécurité, juste pour donner un exemple, mais ils n’ont pas la connotation « antisystème », c’est-à-dire « anti-immigration » et « anti-euro » du Front National en France et de la Ligue du Nord en Italie. En ce qui concerne la gauche, toujours affectée par des propos suicidaires, il suffit de dire qu’elle n’est pas en condition de reproduire les exploits de Syriza en Grèce ou Podemos en Espagne, ni en France ni en Italie.
Jusqu’à maintenant Valls et Renzi ont étés « sauvés » par la petite croissance économique des derniers mois, réalisée grâce aux mesures décidées par le président de la BCE, Mario Draghi, à la baisse du prix du pétrole et aussi à un rebondissement presque physiologique après sept ans de crise, selon des analystes. Pourtant le problème du chômage reste. Espérons éviter le modèle espagnol de croissance qui prévoie de forts taux de chômage et une diminution sensible des salaires en échange d’une augmentation du PNB.
Pour le moment dans cette nouvelle révolution néo-libérale, l’impression est que l’Italie et la France marchent ensemble, la main dans la main. A contre-sens ?