Alors qu’on apprend, le lundi 18 mai, que l’Union européenne s’est engagée dans une nouvelle opération contre les trafiquants de migrants au départ des cotes de la Libye, il n’y a encore aucun progrès sur la question des quotas. On pourrait résumer ainsi le conseil européen des affaires étrangères et de la défense qui a eu lieu à Bruxelles. La nouvelle opération navale, qui devrait être validée par les ministres compétents au cours du prochain conseil fixé pour le 22 juin, vise à repérer et détruire les bateaux des passeurs, ainsi que, plus généralement, les réseaux du business de l’immigration clandestine.
Reste le mystère planant autour des marges de manœuvres et des pouvoirs réels des militaires engagés dans la mission dont le quartier général sera fixé à Rome. La « ministre des affaires étrangères » de l’Union européenne, Federica Mogherini, n’a pas précisé comment l’opération va se dérouler, dans un contexte où une opération d’intelligence semblerait plus appropriée qu’une mission militaire. On ne sait pas, en fait, comment la marine militaire réussira à dénicher les bateaux des passeurs avant qu’ils ne soient remplis de migrants, étant entendu qu’ils ne sont pas signalés par des inscriptions rouges !
Pour mettre en place l’opération, les ministres des vingt-huit souhaitent un accord bilatéral entre l’Union et la Lybie, mais il est évident qu’il s’agit d’une vue de l’esprit si on considère le chaos et la guerre civile qui règnent dans ce pays depuis la chute de Kadhafi. Il y a donc fort à parier que les navires militaires ne pourront reconnaitre les bateaux des passeurs que quand ils seront déjà en mer, remplis de clandestins. La réalité, c’est qu’une intervention militaire sur les côtes libyennes ne sera pas possible avant qu’un accord avec le gouvernement légitime de Tripoli soit signé.
Par ailleurs, une fois repéré le navire des passeurs, quel sera l’avenir de ces désespérés ? Cette question n’a pas eu de réponse non plus. Samedi 16 mai, au cours d’une conférence de presse à la frontière franco-italienne, le premier ministre français, Manuel Valls, tout comme le ministre des affaires étrangères espagnol, José Manuel Garcia-Margallo, ont rejeté la proposition d’un système de « quotas migratoires » permettant de répartir les demandeurs d’asile dans les différents États de l’Union, laissant donc l’Italie seule avec ses problèmes.
La question est donc loin d’être traitée de manière structurelle. Néanmoins, elle démontre, une fois de plus, la nécessité d’une véritable politique commune européenne. En somme : rien de nouveau sous le soleil de la Méditerranée !
À lire également sur le même sujet, l’article de Francesco Ditaranto dans le numéro d’avril 2015 du Peuple breton : « Le cimetière de la Méditerranée »